Elle mène le combat pour un poids santé

À sa dernière année du primaire, Marie-Jeanne était une gamine intelligente et sérieuse avec une bonne tête sur les épaules. Mais elle appréhendait son entrée au secondaire : elle craignait de ne pas réussir à s’intégrer. « J’en avais assez de me dénigrer à cause de mon poids », dit Marie-Jeanne, qui a alors commencé à surveiller son alimentation pour se sentir mieux dans sa peau. À 12 ans seulement, le combat de Marie-Jeanne contre l’anorexie venait de commencer par un simple régime alimentaire. La situation a rapidement pris de l’ampleur au point de devenir une dépendance. Elle se laissait mourir de faim.

Marie-Jeanne aime qui elle voit dans le mirroir

Elle a perdu plus de 40 livres en six mois. Elle pouvait voir ses os à travers sa peau. Elle a participé à un camp d’été pendant deux semaines et elle se comparait constamment aux autres filles. Marie-Jeanne a développé des tics; elle touchait ses os, mesurait ses poignets et aspirait ses joues sans s’en rendre compte. Elle a commencé à avoir des étourdissements et des pertes d’équilibre. Elle n’a pas eu ses règles pendant quatre mois. Elle souffrait de saignements de nez et de perte de cheveux. Elle pleurait en sortant de la douche.

Cela s’est poursuivi pendant l’année scolaire. « Je m’imposais tellement de pression à être mince que mes résultats scolaires en souffraient. La maladie prenait entièrement le dessus », se souvient Marie-Jeanne.

Sa pression artérielle était basse et elle était sur le point d’être hospitalisée. Son médecin l’a orientée au programme d’intervention familiale du département de médecine de l’adolescence du Children, où on a abordé la question du gain de poids. Le combat entre la voix de l’anorexie et sa propre voix se déroulait dans sa tête. Les murs de protection s’érigeaient. « L’idée de prendre du poids ressemblait à une torture. J’étais en plein déni. »

Marie-Jeanne a néanmoins suivi le programme conçu pour elle par l’équipe du programme d’intervention familiale. Comme l’équipe l’avait prévu, plus Marie-Jeanne prenait du poids, moins l’anorexie avait d’emprise sur elle. Tout doucement, la situation a commencé à changer : « J’ai réalisé que ma santé et mon bien-être étaient à risque. Je ne voulais pas manquer l’école et accumuler du retard. J’ai fini par me rendre compte que la prise de poids était une bonne chose ».

Marie-Jeanne a choisi de laisser sa voix gagner la bataille et de réduire au silence la voix de l’anorexie. Elle a choisi la santé.

Aujourd’hui, lorsqu’elle se regarde dans le miroir, elle aime ce qu’elle voit.

« Je sais que je ne suis pas seule à lutter contre l’anorexie. J’aimerais dire aux autres qu’il y a de l’espoir : ce que vous vivez en ce moment ne durera pas. L’anorexie finira par vous détruire. C’est la voix de la maladie qui parle. Vous devez être plus forts que cette voix. Vous devez en parler. »

Marie-Jeanne et son père Benoit s’estiment chanceux d’avoir pu s’exprimer dans le cadre du programme d’intervention familiale. Ses parents ont vraiment bénéficié de la thérapie de groupe où ils pouvaient partager leur expérience avec d’autres parents qui vivaient la même situation. « C’était à la fois brut et authentique, et cela nous a été d’une aide précieuse, affirme Benoit. Le programme d’intervention familiale du Children nous a permis de nous rendre à ce tournant positif. »