Le Dr Nicolas Steinmetz – l'homme derrière le rêve
L’inauguration du nouveau campus Glen du CUSM sera l’aboutissement d’un rêve, celui de redéfinir les soins de santé au Québec et au Canada. Dans cette édition spéciale de notre magazine Le Children, nous rencontrons l’homme derrière le rêve – le Dr Nicolas Steinmetz, grâce à qui nos enfants auront accès à des installations et des services qui n’auraient pas pu exister à l’Hôpital de Montréal pour enfants sur Tupper.
Dr Steinmetz, comment votre vision du nouveau CUSM a-t-elle vu le jour?
J’étais directeur général de l’Hôpital de Montréal pour enfants en 1992 et l’hôpital venait de terminer une campagne de financement pour ériger un nouveau bâtiment à côté de l’existant. Je commençais la planification de cette nouvelle construction lorsque j’ai été frappé par la folie du projet. Les bâtiments existants étaient obsolètes. Nous ne pouvions pas installer la nouvelle technologie. Les salles d’opération étaient trop petites. La fréquence croissante des infections nosocomiales était devenue manifeste. L’état des autres hôpitaux de McGill était semblable ou même pire. Alors je me suis dit que nous devrions tout simplement quitter ces bâtiments et construire un nouvel hôpital.
Quel a été le premier pas de cette longue aventure?
Nous avons obtenu des fonds du ministère de la Santé pour la planification, qui a commencé en 1995, et nous avons obtenu les fonds pour acheter le site de l’ancienne gare de triage Glen du CP. Nous étions en voie de construire lorsque le gouvernement péquiste a retardé le dossier. En juin 2003, nous avons enfin obtenu le feu vert.
Quelles étaient vos priorités majeures lors de la planification du nouveau CUSM?
Le principe directeur était que ça devait être un hôpital de soins tertiaires hautement spécialisé, à la fine pointe de la technologie, et construit de sorte à pouvoir s’adapter aux progrès technologiques. Ce devait être un bâtiment LEED, vert et lumineux, facile d’accès et accueillant. La participation généralisée des parties prenantes était aussi nécessaire, et nous avons eu 19 comités de planification. En tout, il a fallu environ un millier de personnes pour élaborer ce plan.
Suite aux embûches rencontrées en cours de route, y a-t-il eu un moment où vous avez pensé que ce projet pourrait ne pas se concrétiser?
Non. J’ai accepté qu’il y aurait des délais. Mais la nécessité de cette entreprise était si évidente et incontournable, la participation était si imposante, que ça ne pouvait tout simplement pas s’arrêter.
Qu’avez-vous ressenti la première fois que vous avez vu une maquette du projet?
C’était un moment très émouvant pour moi. Il y avait deux maquettes. Je les ai regardées toutes les deux et c’est à ce moment que c’est vraiment devenu réel pour moi. Finalement, le nouveau campus a l’air un peu différent des maquettes, mais ça n’a pas d’importance.
Nous voici maintenant, près d’un quart de siècle après les premiers frémissements de ce projet. Que pensez-vous de ce que vous voyez aujourd’hui à l’ancienne cour Glen?
C’est formidable de voir que le Québec va avoir ce genre d’installation. Les patients vont être étonnés de ce qui peut s’y faire. Et la faculté de médecine de McGill sera en mesure de faire de la recherche plus efficacement et sera le seul endroit au Canada disposant d’une unité de médecine clinique novatrice pour les essais de nouveaux médicaments et de nouvelles procédures.
Y a-t-il un élément du nouveau CUSM que vous trouvez particulièrement attirant, dont vous êtes le plus fier?
L’hôpital aura des chambres individuelles, ce qui veut dire que les taux d’infection devraient dégringoler. Ici, vous aurez votre propre chambre avec votre propre salle de bain, où vous n’allez pas contaminer tout le monde et personne ne va vous contaminer. Ceci dit, tout va être tellement extraordinaire qu’il est un peu difficile de choisir une seule chose.
Le financement futur du CUSM vous préoccupe-t-il, maintenant que la province met l’accent sur l’austérité?
Le budget est une chose. La santé d’une population et la construction d’installations qui vont durer pendant des générations en est une autre. Ce n’est pas parce qu’ils ont besoin d’équilibrer leur budget, ce qu’ils font, que la vie ne va pas continuer – des routes vont continuer à se faire réparer et des hôpitaux à se faire construire.
On vous décrit souvent comme un visionnaire. Est-ce que cela vous correspond?
Je ne me vois pas vraiment comme ça. J’ai la profonde conviction que toutes les personnes qui ont participé à ce projet étaient indispensables pour qu’on puisse y arriver. Au début, quand cette idée était encore fragile, je disais aux gens : « si ce bébé a mille parents, il ne mourra jamais ».