MI4: des chercheurs en pédiatrie s’unissent pour s’attaquer à l’infection et à l’immunité
Deux équipes interinstitutionnelles lancent deux projets de recherche pour lutter contre les maladies immunitaires rares et la surutilisation des antibiotiques.
Mieux utiliser les antibiotiques en cas de pneumonie
La surutilisation des antibiotiques est l’une des principales causes de la résistance des bactéries aux antibiotiques. Or, les jeunes patients souffrant d’une pneumonie assez grave pour nécessiter une hospitalisation reçoivent d’emblée une antibiothérapie, même s’il est connu que la plupart des pneumonies pédiatriques sont causées par des virus, contre lesquels les antibiotiques sont inutiles. Le problème: à l’heure actuelle, il n’existe aucun test adéquat permettant de diagnostiquer une pneumonie bactérienne, laquelle doit être traitée sans tarder par antibiotiques.
Le premier projet, dirigé par le Dr Jesse Papenburg au Children et le Dr Jocelyn Gravel au CHU Sainte-Justine, vise à évaluer la faisabilité de recueillir des échantillons de grande qualité et de procéder à des analyses biochimiques et statistiques avancées pour tester de nouvelles façons de distinguer les pneumonies virales et bactériennes chez les enfants. Si elle est fructueuse, leur démarche améliorera le diagnostic des pneumonies bactériennes, ce qui permettra de diminuer l’usage d’antibiotiques sans risquer la sécurité des jeunes patients. C’est là un levier essentiel de la lutte à l’antibiorésistance.
«Les maladies infectieuses et immunitaires figurent parmi les grandes menaces pour l’humanité, au même titre que les changements climatiques »
- Dr Don Sheppard, directeur du département de microbiologie et d’immunologie de l’Université McGill, scientifique à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill et directeur de MI4.
Des modèles innovants d’immunodéficience primaire
Les immunodéficiences primaires (IDP), un groupe hétérogène de maladies chroniques rares du système immunitaire, causent des affections très diverses – susceptibilité aux infections, maladies autoimmunes, allergies, cancers. Des avancées en matière de séquençage d’ADN ont permis d’identifier de nombreuses modifications génétiques liées aux IDP, mais il demeure difficile de déterminer quels gènes sont à l’origine d’une IDP chez un patient donné. Les IDP sont donc sur- ou sous-diagnostiquées, ce qui se répercute sur les soins aux patients.
Dirigé par le Dr Constantin Polychronakos au Children et le Dr Fabien Touzot au CHU Sainte-Justine, le second projet vise à établir une plateforme de recherche innovante qui déterminera quelles modifications génétiques sous-tendent le développement des IDP. Cette plateforme de pointe, qui conjugue des technologies liées aux cellules souches, au génie génétique et aux modèles précliniques, orientera le diagnostic et les soins aux patients et permettra de mettre des thérapies à l’essai chez des patients ayant pris part aux études.
Premiers projets en pédiatrie subventionnés par MI4
Établie en avril 2018, MI4 vise à favoriser la découverte, l’élaboration et la mise en œuvre de solutions novatrices permettant de lutter contre les menaces infectieuses ou immunitaires à la santé humaine. Les subventions de fonds d’amorçage en pédiatrie de MI4, en partie financées par la Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants, soutiennent de nouvelles équipes de recherche translationnelle qui réunissent des chercheurs en pédiatrie de renommée mondiale issus des deux établissements. L’objectif est de soutenir le développement préliminaire d’idées innovantes et des études de validation de principe ayant le potentiel d’améliorer la santé des enfants. Une subvention de 150 000 $ sur deux ans est octroyée à chacun des deux projets.
« Nous sommes très fiers de voir les Drs Papenburg et Polychronakos récompensés pour leur travail acharné des dernières années. Leurs projets novateurs, qui agiront comme fers de lance en optimisation de la santé des enfants, s’inscrivent dans les efforts constants que déploie le Children pour faire avancer les soins pédiatriques et guérir autrement. »
- Renée Vézina, présidente de la Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants